27 mars 2007

Zéro ce matin à des chimistes américains qui viennent de jouer avec un des éléments essentiels de notre patrimoine culinaire mondial…




Mais enfin, qu’est ce que c’est pour une histoire ! Savent pas se contenter de chipoter à leurs neutrons, à leurs molécules en étoiles, à leurs électrons, à leurs atomes… Non, non, trop facile… Ceux-là ont décidé pour notre plus grand malheur d’élargir leurs horizons et de déserter leurs laboratoires et leur becs bunsen pour les cuisines et les fourneaux. Horreur. Horreur. Mi dispiace. Je veux bien beaucoup de choses, mais on ne touche pas à la Pizza. En effet, ces chimistes se sont attaqués à ce qui fait l’orgueil gastronomique de l’Italie. La Pizza. Figurez-vous qu’ils ont créé une pizza diététique expérimentale dont la pate a été dopée aux antioxydants… Bien sûr, ces chimistes affirment que c’est naturel… Que c’est juste en laissant fermenter la pâte plus longtemps et en la cuisant plus longtemps que ces anti-oxydants se sont développés… Bien sûr, ces chimistes disent que c’est pour le bien être de l’humanité… Vi chiédo scusa. C’est vrai que les anti-oxydants auraient (semblent-ils) la propriété de réduire les risques de cancers et de maladie cardio-vasculaires. Certo. Prego... Macché! Il faut refuser ces frankensteins des casseroles et de la lêche-frites. Avec leurs expériences, ils sont parvenus à augmenter le taux d’antioxydants de 60% durant les cuissons les plus longues et jusqu’à 82% avec des températures plus élevées. L'essayer avant de critiquer? Neanche per sogno ! Même pas en rêve. La Pizza c’est sacré… D’ailleurs, je ne peux vous conseiller qu’un livre qui vient de sortir aux éditions du CNRS (le Centre National de Recherche Scientifique)…. Son titre, c’est Pizza Connexion, un ouvrage consacré uniquement à la Pizza, mais attention, c’est pas un livre de recettes, c’est un livre anthropologique, scientifique, très rigoureux avec des chapitres genres : « Appelation et référent préexistant : l’épineux problème de l’enracinement culturel de l’authentique » ou encore « l’hegemonic process au pays de la pluralité ethnique ». Bref du balaise. Et dans son bouquin, Sylvie Sanchez parle des pizzas mises à toutes les sauces. Elle écrit : « La pizza se prête à toutes les adaptations, les réinterprétations, elle se fait miroir d’une culture, de ses valeurs, de son histoire, de ses croyances ». Voilà, pas de chance pour la pizza, elle se farci le syndrôme de l’aliment qui doit forcément devenir une espèce de médicament déguisé en chose bonne à manger. Les produits laitiers qui vous changent la peau, les œufs dopés à l’Omega 3 qui effacent cholestérol et déprime etc etc. Sono Nél Palloné ! Je suis dans le cake… Où va-t-on si nos pizzas se dopent comme de vulgaires cyclistes en pleine ascension du col du Galibier ? A l’image des pizzas Shawarma, Tandoori et Tacopizza répertoriées dans le livre de Sylvie Sanchez, ces pizzas aux anti-oxydants sont « des créations oscillant entre syncrétisme et avatars ». Mais comme Sylvie Sanchez, j’ose espérer que la pizza va survivre à cette épreuve…. Je l’ai lu dans son livre : « A travers son histoire, la pizza s’est présentée sous les traits du mélange et pourtant elle ne s’y est jamais perdue. Elle a été capable de métamorphoses sans y succomber, sans être dissoute ». C’est tout ce qu’on espère ! Sur ce, buona fortuna à la pizza é a domani !