06 mars 2007

Zéro ce matin à Yvan Delporte qui nous rappelle ce matin que même les mythes ne sont pas immortels…






C’est comme ça, qu’on le veuille ou non (et surtout qu’il le veuille ou non), Yvan Delporte, c’était un mythe dans le monde de la bande dessinée. Mais ce barbu impertinent n’aimait pas se mettre en avant, du moins dans les médias. Ce sera d’ailleurs un de mes grands regrets, ne pas l’avoir interviewé. Mais voilà, lorsqu’on essayait de l’approcher, Yvan Delporte se cachait derrière une modestie exagéré. « Je n’ai pas grand chose à dire, ce ne sera pas intéressant ». Bon soit. N’empêche quel parcours! Aux Editions Dupuis, il y rentre comme retoucheur un peu après la Libération. Il passera par tous les postes. Jusqu’au jour où on lui demande d’animer le journal de Spirou. C’était en 1955. A partir de là, le journal de Spirou va connaître une véritable période dorée. Il sera rédacteur en chef du magazine jusqu’en 1968. Et sous sa houlette, les plus grands vont accoucher de leurs plus grandes œuvres. Et parfois en intervenant directement sur le travail des dessinateurs, c’est qu’Yvan Delporte est un scénariste inventif. On retrouve sa patte dans les Schtroumpfs de Peyo, dans la Ribambelle de Roba (le papa de Boule et Bill). Mais il s’implique aussi dans le Gaston Lagaffe de Franquin… Ainsi nombreuses sont les pages de Gaston ornées de la mention «Sur une idée d’Yvan Delporte ». L’homme était aussi un gars de caractère et de combat… Il défendait les auteurs avec une énergie qui était à la hauteur de son talent de créateur… On ne dira pas que c'était une espèce de délégué syndical. Je ne suis pas sûr qu’il aurait apprécié le mot. Disons qu’il se battait pour la liberté des auteurs. Ainsi il conseillait aux auteurs d’inclure dans les contrats signés avec les éditeurs la notion de « Intuitu personnae / intuitu firmae »… En clair lorsqu’une maison d’édition est rachetée par une autre, l’auteur récupère ses droits et la possibilité de négocier ses œuvres avec d’autres. Dans une lettre ouverte sur la question, Delporte ne pouvait s’empêcher de faire de l’humour, On pouvait ainsi lire : « Mais garder le statu quo sur ce genre de questions, c’est maintenir les auteurs dans le rôle de bétail »… La conclusion allait de soi : « Meuh ». Il était comme ça Yvan Delporte, il tenait à son indépendance. Le plus bel exemple, d’un point de vue éditorial, reste le « Trombone illustré »… Ce magazine a vécu de 1977 à 1982 pour 30 numéros. Il ne se vendait pas. Il était encarté dans le journal de Spirou… Et ce magazine-là, il a marqué toute une génération par son impertinence, son sens de l’absurde et son humour noir. On y retrouvait quelques vedettes du journal qui voulait un peu s’aérer la tête comme Franquin, Will ou le fils de Peyo. Mais aussi une brochette de dessinateurs incroyables qui allait de Tardi à Gotlib, en passant par Moebius, Frederic Jannin ou Rosinski, le dessinateur de Thorgal. Un joyeux mélange de vieux briscards et de jeunes talents qui fera grincer des dents chez Spirou tant le ton était neuf et décalé… Yvan Delporte, c’était aussi un personnage facile à dessiner avec sa barbe hirsute, cela lui permettra de faire quelques apparitions furtives dans des bandes dessinées célèbres, notamment Gaston Lagaffe… Une chose est sûre sans lui la BD franco-belge ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui, tant son influence a été déterminante.


http://www.dupuis.com/servlet/jpecat?pgm=VIEW_AUTHOR&lang=FR&AUTEUR_ID=89

http://fr.wikipedia.org/wiki/Yvan_Delporte

1 Comments:

At 11:31 PM, Anonymous Anonyme said...

Bravo à toi Thierry pour ton sarcasme et ton impertinence face à la bétise du monde.
N'oublie quand meme pas que Yvan Delporte est le scenariste des idéées noires de Frankin (superbe) dans lesquelles il apparait souvent.
Je l'ai vu plusieurs fois car mon ex travaillait chez lui c'était un etre en dehors du monde vereux que l'on vit
continue tes emissions elles apportent un sourrire à ce monde bien triste
Cbr1100xx

 

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